Pourquoi la vengeance nous procure-t-elle parfois un sentiment de bien-être ? La science l'explique

par Baptiste

26 Mai 2024

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Cela vaut-il la peine de se venger d'un tort subi ? La réponse est certainement subjective, mais des psychologues ont voulu explorer ce comportement humain pour en savoir plus.

Est-ce la vengeance ou le plaisir de la vengeance qui sont évalués ?

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La vengeance n'est certainement pas l'un des comportements humains les plus louables, mais elle représente pourtant pour beaucoup une forte tentation. Subir un tort, de surcroit injustement, peut déclencher un désir légitime de revanche, même si le mettre en pratique pose des dilemmes moraux. Se faire justice soi-même ou laisser courir, en se montrant supérieur bien que l'on ait la possibilité de se venger?

Dans la pensée commune, la vengeance est quelque chose de mauvais. Mais il semble que ce n'est pas toujours le cas : beaucoup applaudissent ceux qui réagissent à une offense reçue, même si cela dépend beaucoup de la manière dont on décide de rendre l'affront. L'équipe de recherche de Karolina Dyduch-Hazar, professeure à la Julius-Maximilians-Universität de Würzburg, en Allemagne, et du docteur Mario Gollwitzer de la Ludwig-Maximilians-Universität de Munich, en Allemagne, a voulu y voir plus clair : est-ce la vengeance en soi qui est reprochée, ou bien le plaisir émotionnel qui découle de sa mise en pratique ?

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Le jugement social de la vengeance : l'enquête

Les chercheurs ont mené quatre études à ce sujet, dont trois ont impliqué des groupes d'étudiants universitaires polonais, tandis que la quatrième a concerné des adultes américains. Les participants ont dû se mettre dans la peau de vengeurs hypothétiques, mais aussi comme simples spectateurs d'une vengeance. Selon les résultats obtenus, les auteurs ont rapporté qu'à un niveau social, ceux qui choisissent de se venger pourraient être soutenus et approuvés, mais sont néanmoins critiqués par rapport à ceux qui choisissent d'éviter la vengeance.

Il a été demandé aux participants de l'étude d'évaluer des situations imaginaires dans lesquelles les personnes mettant en œuvre la vengeance éprouvaient de la satisfaction en le faisant. Ces vengeurs fictifs ont été décrits comme compétents, habiles et efficaces. Mais ces mêmes qualités n'ont pas été reconnues aux personnes imaginaires qui s'étaient vengées mais éprouvaient un profond sentiment de culpabilité, ni à celles qui, dans la situation irréelle, avaient choisi de renoncer à la vengeance. Selon les chercheurs, cette reconnaissance curieuse est, dans ce cas précis, due au fait que les vengeurs fiers de leur revanche ont été perçus comme capables d'atteindre un objectif.

Les résultats du sondage sur la vengeance

Gros plan sur un gorille au regard vengeur

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Cependant, si les vengeurs imaginaires prenaient plaisir à leur vengeance, les participants du sondage n'ont pas hésité à les qualifier de peu moraux. "Éprouver du plaisir après s'être vengé pourrait indiquer que la motivation initiale n'était pas d'enseigner une leçon morale à l'auteur du tort, mais plutôt de se sentir bien, une motivation égoïste et moralement discutable", ont expliqué les auteurs.

De plus, une divergence est apparue face à la même situation imaginaire, en raison des positions différentes des participants : acteurs et observateurs. Lorsqu'un sujet assumait le rôle de vengeur, il se jugeait lui-même moins moral qu'un autre participant se vengeant. En outre, il le considérait aussi comme plus compétent dans l'acte de se venger. Selon les scientifiques, cela contredit les théories précédentes selon lesquelles, lorsque nous jugeons les autres, nous évaluons leurs actions d'une perspective morale, tandis que les jugements personnels se basent sur la compétence. Les auteurs ont noté que la sensation de bien-être, par opposition à celle de mal-être, découlant de la vengeance, n'influençait pas la décision de la poursuivre. La plupart des participants ont toutefois déclaré préférer la voie de la renonciation, un choix qui ne semblait pas lié à la crainte des conséquences ou des jugements des autres.

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