En 1951, le Danemark a séparé 22 enfants inuits de leur famille pour une expérimentation : après 70 ans, le gouvernement présente ses excuses

par Baptiste

16 Janvier 2021

En 1951, le Danemark a séparé 22 enfants inuits de leur famille pour une expérimentation : après 70 ans, le gouvernement présente ses excuses
Advertisement

C'est au cours de l'été 1951 que 22 enfants de l'ethnie inuit ont été enlevés à Nuuk, la capitale du Groenland, séparés sans ménagement de leur famille et emmenés au Danemark, malgré leur très jeune âge. Ils avaient tous entre 6 et 10 ans, et il n'est pas difficile de comprendre qu'ils ont vécu un énorme traumatisme.

La raison d'un acte aussi cruel ? Pas de kidnapping, pas d'opération illégale. Les enfants de l'Arctique devaient être rééduqués dans ce pays du nord de l'Europe, dont le territoire englobe également le Groenland depuis des siècles. Une véritable expérience sociale, visant à "civiliser" les enfants, élevés selon les modèles danois et destinés ensuite à retourner sur les glaciers du Groenland pour promouvoir le développement social et la modernisation. Une initiative pour le moins répréhensible et pour laquelle, après 70 ans, le gouvernement danois a décidé de présenter des excuses officielles.

via BBC

Advertisement
i24NEWS English/Youtube

i24NEWS English/Youtube

Cette expérimentation sociale s'est rapidement révélée être un véritable échec, et la séparation souhaitée par le gouvernement a causé des dommages psychologiques et sociaux aux enfants. Parmi eux se trouvait Helene Thiesen, qui n'avait que 7 ans à l'époque. Sa mère s'est retrouvée seule avec trois enfants à élever après la mort de son mari, et a fini par accepter l'offre du gouvernement.

 

Advertisement
i24NEWS English/Youtube

i24NEWS English/Youtube

"Je ne comprenais pas pourquoi elle me laissait partir, raconte Hélène, aucun d'entre nous ne comprenait pourquoi on nous emmenait loin de chez nous et ce que l'avenir nous réservait. Tout était si incertain". Ces jours dramatiques étant bien ancrés dans son esprit, c'est Thiesen qui, au fil des ans, a demandé à plusieurs reprises des excuses et une reconnaissance officielle pour les souffrances infligées par le gouvernement de Copenhague.

 

i24NEWS English/Youtube

i24NEWS English/Youtube

Et le plus triste est qu'Hélène n'a découvert la raison de la séparation d'avec sa famille qu'en 1996, après plusieurs recherches dans les archives. En effet, les documents officiels relatifs à cette expérimentation sociale sur les jeunes Inuits ont été détruits au fil des ans et toute référence à ce qui s'est passé en 1951 était très difficile à trouver.

 

i24NEWS English/Youtube

i24NEWS English/Youtube

Après tant d'années de batailles qui aboutissaient à des réponses évasives des représentants du gouvernement danois, finalement, en décembre 2020, la première ministre Mette Frederiksen a décidé qu'il était temps de donner une réponse officielle sur ce qui s'était passé. "Nous ne pouvons pas changer ce qui s'est passé, mais nous en assumons la responsabilité et nous nous excusons auprès de ceux que nous aurions dû protéger".

 

KNR News Nutaarsiassat/Youtube

KNR News Nutaarsiassat/Youtube

Des mots importants, bien que tardifs, qui donnent un signal fort en reconnaissance d'une action brutale et sans scrupule, que le gouvernement n'aurait jamais dû entreprendre. D'autant plus que les enfants inuits choisis pour l'expérience n'avaient pas la vie meilleure qui avait été promise à leurs familles. Ils ont passé des années et des années dans des structures et des maisons qui ne leur appartenaient pas, sans pouvoir rétablir des relations stables avec leurs parents biologiques. Ils ont de plus été traités comme des personnes différentes, porteuses de maladies, presque des phénomènes curieux à analyser.

 

Advertisement
KNR News Nutaarsiassat/Youtube

KNR News Nutaarsiassat/Youtube

Sur les 22 enfants inuits amenés au Danemark en 1951, seuls 6 sont encore en vie aujourd'hui. C'est précisément à eux que la première ministre danoise a décidé d'envoyer une lettre d'excuses dans laquelle on peut lire les mots ci-dessus. Un petit geste de grande importance, qui pour Hélène "signifie tout", même s'il ne peut effacer une vie faite de renoncements, de rancunes, de tristesse et de peurs. Des expériences qu'aucun enfant ne devrait jamais avoir à vivre.

 

Advertisement