Des chercheurs analysent l'ADN d'un "chewing-gum" vieux de 10 000 ans : à quoi servait-il ?

par Baptiste

04 Février 2024

Des chercheurs analysent l'ADN d'un "chewing-gum" vieux de 10 000 ans : à quoi servait-il ?
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La pratique de mâcher du chewing-gum ou des substances similaires n'est certainement pas une tendance moderne, mais trouve ses racines dans notre passé préhistorique. En étudiant de manière scientifique les "chewing-gums" de l'Antiquité, il est cependant possible d'obtenir beaucoup plus d'informations sur le mode de vie il y a des milliers d'années. C'est précisément l'objectif d'une récente recherche menée sur une résine mâchée par nos ancêtres, avec des résultats surprenants. Voyons ce qu'ils ont découvert.

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Un "chewing-gum" datant de près de 10 000 ans

Un "chewing-gum" datant de près de 10 000 ans

Wilde Natur/Wikimedia Commons - CC BY-SA 2.0 DE DEED

Nous sommes sur l'île d'Orust, dans le sud de la Suède, plus précisément sur le site archéologique de Huseby Klev. Ici, aux côtés d'outils en pierre tels que des haches et des pointes de flèches, les archéologues ont découvert également de la résine de bouleau utilisée comme une véritable "gomme à mâcher". Un chewing-gum vieux de près de 10 000 ans, mâché par des adolescents dont l'objectif était d'utiliser la résine comme colle. Le groupe de recherche international étudiant le site archéologique a analysé l'ADN contenu dans cette résine, avec des résultats vraiment surprenants. L'analyse a en effet révélé la présence de plantes et d'animaux mâchés par les individus précédemment, ainsi qu'un état dentaire compatible avec la parodontite.

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Ce que les chercheurs ont trouvé dans le chewing-gum préhistorique

Ce que les chercheurs ont trouvé dans le chewing-gum préhistorique

Verner Alexandersen/Stokholm University

Pour obtenir des informations à partir de ce qui, pour un œil non averti, ne serait qu'un morceau de résine mâchée et durcie, les chercheurs ont eu recours à la métagénomique. Il s'agit d'une technique permettant d'analyser l'ensemble des gènes présents dans des échantillons particuliers. Les experts, dirigés par le Dr Andrés Aravena et la Dre Emrah Kırdök, ont ainsi pu reconstituer la vie d'un groupe de jeunes chasseurs-cueilleurs actifs dans la Scandinavie il y a près de 10 000 ans. Voici les propos du professeur Anders Götherström, responsable du projet :

"Je trouve cela surprenant. Il existe d'autres méthodes bien établies pour comprendre quel régime alimentaire est associé à l'âge de pierre, mais ici, nous savons que ces adolescents mangeaient des cerfs, des truites et des noisettes il y a 9700 ans sur la côte ouest de la Scandinavie, alors qu'au moins l'un d'entre eux avait de graves problèmes dentaires."

En d'autres termes, que ce soit pour fabriquer de la colle ou peut-être simplement pour l'acte de mâcher quelque chose, les adolescents préhistoriques avaient des "gommes à mâcher". Et c'est grâce à eux que nous savons maintenant ce qu'ils mangeaient et comment ils se portaient.

Une habitude préhistorique : la gomme à mâcher de bouleau

Une habitude préhistorique : la gomme à mâcher de bouleau

Tom Björklund/Facebook

Les "gommes à mâcher" découvertes en Suède ne sont pas les seules remontant à la préhistoire, ni les seules trouvées en Scandinavie. Une gomme à mâcher, également obtenue à partir de la résine de bouleau, a été retrouvée au Danemark et date d'il y a près de 6 000 ans. Il s'agit d'une habitude qui concernait toute la région et qui a perduré dans le temps. Mais ce n'est pas tout : cette résine contient suffisamment d'ADN pour permettre la reconstruction du génome entier de l'être humain qui l'a mâchée. Les chercheurs ont ainsi reconstitué le portrait d'une fille, à la peau sombre et aux cheveux foncés, mais aux yeux bleus, génétiquement plus liée aux peuples habitant la Belgique. Comme pour Huseby Klev, dans ce cas également, le groupe d'étude a trouvé des microbes qui vivaient dans la bouche de la femme, y compris des bactéries liées aux maladies des gencives.

En somme, des découvertes comme celle-ci montrent qu'il n'y a pas de "mauvais" artefact archéologique, mais que chaque témoignage peut devenir un trésor d'informations. Grâce à des morceaux de résine, des chewing-gums de la préhistoire, nous savons maintenant ce que nos ancêtres mangeaient et quelles conditions les affectaient. Une véritable fenêtre sur le passé, et sur une habitude encore vivante aujourd'hui.

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