Les yeux de la haine: voici l'histoire derrière cette photographie qui fait froid dans le dos

par Baptiste

18 Décembre 2017

Les yeux de la haine: voici l'histoire derrière cette photographie qui fait froid dans le dos
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Pour ceux qui ne le connaissent pas, Alfred Eisenstaedt est un photographe allemand naturalisé américain de 1900 (il meurt en 1995), auteur du fameux cliché du baiser à Time Square le jour de la victoire des Etats-Unis contre le Japon (15 août 1945).

Dans le cadre de sa collaboration avec l'agence LIFE, Eisenstaedt a photographié la vie quotidienne et les personnages importants de l'Allemagne nazie, et parmi eux il a rencontré Joseph Goebbels en 1933: de cette rencontre est né un cliché mémorable qui deviendra le symbole d'une page entière de notre histoire.

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Williamwaterway/Wikipedia

Williamwaterway/Wikipedia

(ci-dessus, un cliché d'Alfred Eisenstaedt)

C'est le photographe lui-même qui a évoqué les prémisses de cet épisode: il avait croisé le gérarche national-socialiste assis sur une table dans un hôtel de Genève et il s'était mis en route pour le photographier.

Sur les premières photos, Goebbels affichait une expression qu'on pourrait définir comme joviale.

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Peu de temps après, l'atmosphère changea radicalement.

Peu de temps après, l'atmosphère changea radicalement.

Alfred Eisenstaedt

Dès que Goebbels apprit qu'Eisenstaedt était juif, quelque chose changea. Probablement un de ses collaborateurs lui avait probablement révélé le nom du photographe, et l'homme en avait facilement déduit ses origines. C'est à ce moment-là qu'il tourna vers l'objectif un regard si méprisant que l'image mérite le nom de "Les yeux de la haine".

Alfred Eisenstaedt

Alfred Eisenstaedt

Le résultat est une photographie terrifiante qui raconte un sentiment, un homme mais aussi toute une époque, au cours de laquelle des millions de juifs ont été éliminés selon un plan, pour reprendre les mots de Goebbels lui-même, "barbare, mais totalement mérité".

Nous voulons conclure l'histoire de cette image avec les mots d'Eisenstaedt en personne:

J'ai marché jusqu'à la table et j'ai photographié Goebbels. C'était horrible. Il leva les yeux et me jeta un regard plein de haine. Le résultat, cependant, est une photographie encore plus puissante.

Il me regarda avec ces yeux enragés et attendit que je me retire. Mais je n'ai pas bougé. Si j'ai un appareil photo dans les mains, je ne connais pas la peur

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