Un homme dépressif révèle les vraies causes de la maladie : et ce ne sont pas celles que nous croyions

par Baptiste

11 Avril 2018

Un homme dépressif révèle les vraies causes de la maladie : et ce ne sont pas celles que nous croyions
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L'un des fantômes de l'ère moderne est la dépression : tout comme un fantôme, sa forme n'est pas définie, on ne sait pas d'où elle vient, ni comment la chasser. La thérapie médicamenteuse avec laquelle elle est traitée aujourd'hui n'est pas une solution durable, mais offre seulement un sentiment de 'normalité'. Nous savons encore très peu de choses sur la dépression, bien qu'elle soit si répandue, souvent invisible aux yeux des autres.

Johann Hari, journaliste britannique, lui aussi touché par la dépression, a essayé au fil des ans d'en savoir plus sur ce qui ne peut être une simple maladie, comme la médecine la définit et la traite.

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"C'est votre cerveau qui ne fonctionne pas correctement."

"C'est votre cerveau qui ne fonctionne pas correctement."

Stefano Pollio/ unsplash.com

Quand la dépression a commencé, un médecin a dit à Hari que la cause du mal-être était "son cerveau, qui ne fonctionnait pas correctement" et qu'il devait donc "prendre des médicaments pour réparer le cerveau endommagé".

La cause semblait donc être à l'intérieur, dans le cerveau de tous ceux qui souffrent de dépression sous toutes ses formes. Mais Hari ne s'est pas contenté de cette explication, il a même remarqué que les médicaments qu'il prenait n'avaient pas un bon effet : " Les médicaments m'ont donné un bref coup de pouce quand j'augmentais ma dose mais ensuite, peu après, la souffrance revenait. Je pensais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas parce que, malgré les médicaments, je ressentais encore cette douleur."

C'est ainsi que Hari a commencé un long processus de formation, d'enquête, pour en savoir plus sur cette condition, qui selon lui ne pouvait pas se limiter à un dysfonctionnement du cerveau.

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"Les causes de la dépression ne sont pas scellées dans nos cerveaux, comme me l'a dit ce médecin."

"Les causes de la dépression ne sont pas scellées dans nos cerveaux, comme me l'a dit ce médecin."

Ehimetalor Unuabona/Unsplash

L'histoire qui a amené Hari à comprendre les vraies causes de la dépression, ainsi que tous ses comportements d'automutilation, commence sans aucun lien apparent avec la dépression.

Tout a commencé avec la rencontre entre Hari et le Dr Vincent Felitti, qui étudiait l'obésité à l'époque.

Grâce à une technique expérimentale, le médecin a pu redonner à ses patients, qui souffraient d'obésité grave, un poids santé en un temps plus court que la normale. Cependant, à la fin de l'étude, de nombreux volontaires ont commencé à manifester des comportements liés à l'anxiété, à la dépression et à la colère : ils n'étaient pas satisfaits de leur objectif et ne pouvaient pas expliquer pourquoi ils ne l'étaient pas.

Ou plutôt, ils ne voulaient pas se l'expliquer : oui, parce que c'est à ce moment-là que l'esprit et ses mécanismes subtils de survie entrent en jeu.

La situation est devenue plus claire lorsque Felitti a eu l'occasion de parler à l'une de ses patients qui, après avoir perdu 80 kg, s'est remise à peser plus de 185 kg en très peu de temps.

La situation est devenue plus claire lorsque Felitti a eu l'occasion de parler à l'une de ses patients qui, après avoir perdu 80 kg, s'est remise à peser plus de 185 kg en très peu de temps.

Jairo Alzate/Unsplash

Elle a ainsi affirmé qu'après avoir maigri, elle est soudainement retournée à la malbouffe, sans pouvoir s'expliquer les raisons de son comportement.

En fait, quand elle était obèse, les hommes ne l'abordaient pas : mais à la fin du processus d'amaigrissement, un homme lui a fait des avances. Pour ce geste, elle s'est sentie offensée et a cherché la consolation dans la nourriture.

Felitti comprit davantage la situation de sa patiente : à la question "Quand avez-vous commencé à prendre du poids pour la première fois ?", la femme a commencé à parler de quelque chose qu'elle avait enfoui pendant des années, ne pensant pas que cela affecterait sa vie d'adulte. Elle a parlé de l'époque où son grand-père l'a violée, à l'âge de 11 ans.

Le médecin a commencé à parler aux patients de son programme minceur : 55% d'entre eux ont avoué avoir eu un traumatisme dans leur enfance, souvent de nature sexuelle.

Le médecin a commencé à parler aux patients de son programme minceur : 55% d'entre eux ont avoué avoir eu un traumatisme dans leur enfance, souvent de nature sexuelle.

Kat J/unsplash.com

L'étude de Felitti a conclu que les traumatismes de l'enfance entraînent un risque élevé de dépression à l'âge adulte. C'était également le cas de Johann Hari, qui a été violé par un adulte alors qu'il était enfant.

Mais pourquoi de tels traumatismes conduisent-ils à la dépression et à l'automutilation à l'âge adulte ?

Pour Hari, lorsqu'on est des enfants violés ou traumatisés d'une manière ou d'une autre, se donner coupable pour le mal reçu permet d'acquérir du pouvoir : "Si c'est de ta faute, alors c'est toi qui as le contrôle de la situation", affirme-t-il.

Et quand on se sent responsable, on croit mériter ce mal. Et quand on croit ce genre de chose quand on est enfant, on ne pense pas mériter beaucoup plus même quand on est enfant.

Les causes de la dépression et de l'anxiété se trouvent dans notre vie et non dans un cerveau défaillant.

Les causes de la dépression et de l'anxiété se trouvent dans notre vie et non dans un cerveau défaillant.

Annie Spratt/Unsplash

"Si vous pensez que vos efforts sont vains et que vous croyez n'avoir aucun contrôle, vous êtes plus exposé au risque de dépression. Si vous vous sentez seul ou si vous ne vous sentez pas en mesure de compter sur les gens autour de vous, vous êtes plus susceptible d'être déprimé. Si vous croyez que seuls les objets achetés et l'ascension sociale comptent dans la vie, vous êtes beaucoup plus à risque de dépression. Si vous croyez que votre avenir sera incertain, vous serez plus exposé au risque de dépression.

Il y a des facteurs biologiques qui prédisposent une personne à cette série de troubles, mais ils ne représentent pas les facteurs déclencheurs : l'anxiété et la dépression naissent de la façon dont nous sommes forcés de vivre.

C'est pourquoi l'anxiété et la dépression doivent commencer à être traitées différemment, et non comme des folies irrationnelles qui surgissent du cerveau à un moment donné. "Votre douleur n'est pas un spasme irrationnel. C'est une réaction à ce qui vous arrive."

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